L'enfant et la peur d'apprendre

Publié le par crabie

 

L’enfant et la peur d’apprendre

de Serge Boimare

Dunod, Paris, 1999, réédité 2004

 

 

L’auteur se place résolument du côté du pédagogue. Il nous entraîne dans ses recherches et nous permet de comprendre comment il s’y prend concrètement avec des enfants (des adolescents) en difficulté scolaire. Il part d’un constat : des élèves n’entrent pas dans les apprentissages. Or on observe chez eux un évitement de la pensée (évitement des rencontres avec le manque, évitement de la soumission à la règle, évitement à la confrontation à l’incertitude) qui se cristallise pour protéger. On ne peut donc pas prendre appui sur la pensée pour aider. Le parti pris est la médiation culturelle à travers les textes fondateurs comme les récits de la mythologie ou la Bible mais aussi les textes de Jules Verne. La priorité de l’école est de faire parler pour aider à passer du langage d’évocation au langage argumentaire L’auteur ne nie pas le travail instrumental dans l’aide aux élèves mais il préconise une mise en éveil indispensable avant toute aide.

 

Un bon livre, très facile d’accès à mettre entre toutes les mains des maîtres E, surtout par les temps qui courent…

 

Un extrait :

« Alberto est atteint d’une maladie que je connais bien, depuis trente ans que j’enseigne à des enfants qui rencontrent des difficultés sévère pour apprendre : l’impossibilité de se confronter, ne serait-ce que quelques minutes, à un moment de réflexion et de recherche véritable.

Alberto voudrait bien apprendre, mais il ne peut pas affronter ce temps qui se situe entre le moment où il ne sait pas et celui où il va peut-être savoir dans cet entre-deux où il y a obligatoirement incertitude, manque, solitude. Dans ce passage où il faut laisser de côté sa subjectivité, ses émotions, pour faire des hypothèses, comparer, faire des liens, faire des essais, appliquer des règles… En un mot mettre en route toutes les conditions pour fonctionner intellectuellement et pour aller vers le savoir véritable. Alberto n’existe plus, il disparaît.

C’est à ce moment, lorsque les rouages de la pensée sont le plus sollicités, parce qu’il y a un problème à résoudre, pace qu’il y a une question posée, qu’Alberto les paralyse et se fige comme s’il y avait danger.

C’est ce que j’appelle la phobie du temps de suspension. Peur du moment où il va falloir rencontrer l’incertitude et le manque pour enclencher le processus intellectuel ».

Publié dans Notes de lecture

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